Bernard Xenakis, artiste peintre havrais, âgé de 62 ans, est passé de vie à trépas après une longue maladie assez cruelle. Même si je ne l'ai pas connu physiquement, je suivais son parcours d'artiste. Je suis collectionneur de cartes de bus. En 1991, la première imprimée sous l'appellation Dell Arte portait son empreinte. 11 cartes ont porté son honneur pendant une année. Il avait aussi peint un bus de la Porte Océane avec son style.
Depuis sa première production publique, gravée par lui-même, j'ai intensifié ma collection, voire, ma documentation concernant tous les artistes havrais entraînés dans son sillage. Bernard Xenakis a ainsi, pour la première fois, a transporté une forme de culture dans les rues du Havre et son agglomération.
Il s'est éteint à jamais, mais, je suis persuadé que son nom restera pour toujours parmi les grands de la peinture havraise.
Adieu Bernard, ton chevalet restera continuellement sur pieds.
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Bernard Xenakis touchait l’âme Havraise
Avec la mort de Bernard Xenakis, c’est l’âme du Havre qui a mal. Car il était bien un artiste qui incarnait une part de l’âme havraise, celle d’un grand port, ouvert sur le large, et fort du mélange de tous ceux et de toutes celles qui y ont posé sac à terre. Car Bernard, né au Havre, n’a jamais oublié ce que son père, venu de Grèce, lui répétait chaque matin, le regard tourné vers l’océan : Demain, nous partirons, les Etats Unis nous attendent. Mais l’immigrant n’est jamais parti, son fils a fait les beaux-arts et n’a eu de cesse que de trouver une correspondance entre sa culture grecque familiale et l’âme havraise, une âme qu’il n’a cessé d’invoquer.
Je me souviens de son travail réalisé avec le Volcan, dans les années 90 : Reproduire, en tableaux, le labyrinthe de Cnossos. Construit en Crète à partir de 1 700 ans avant notre ère environ, le palais de Cnossos avec ses innombrables pièces entrelacées, est certainement le Labyrinthe que la mythologie attribue au Minotaure. Mais le labyrinthe est aussi une métaphore sur le sens de la vie : l'envol de Dédale et Icare peut symboliser l’élévation de l’esprit vers la connaissance ou celle de l’âme vers la spiritualité, qui permet de sortir de l’enfermement et de l'absurdité de la condition humaine. Et Bernard Xenakis trouvait cette dimension dans la ville et le port du Havre, au point de consacrer sa vie à sa cité, en développant avec force une peinture signée, immédiatement reconnaissable, pleines d’ombres et de lumières, de références grecques et d’ailleurs.
En 1991, il fut le premier artiste choisi par Bus Océane pour la décoration d’un bus, le premier, qu’il du peindre lui-même à la main, alors que après, des techniques d’auto –collants ont facilité le travail des peintres. Tout le monde se souvient au Havre, ce bus noir décoré de fresques d’or. C’est ce bus que notre association, Le Havre en Couleurs, avait emprunté pour réaliser l’itinéraire Queneau, en octobre 1990. Une association où Bernard Xenakis était assidu, portant même le projet de célébrer le tableau « Impression soleil levant » par une sculpture, en bord de mer, en lieu et place de la création de l’œuvre. Quant « Le Havre en couleurs » avait célébré la décennie à venir par une grande fête, dans les docks, en janvier 1990, c’était encore des œuvres de très grand format de Xénakis qui couvrait les murs de ce hangar nu. Et quand, il y a sept ou huit ans, des amis se sont réunis pour créer le « club Tartare » dédié aux échanges et à la réflexion sur notre cité, j’y ai retrouvé Bernard, toujours jeune, toujours décidé à aller prendre le dernier verre, tard dans la nuit, après la réunion. Bernard, et ses interventions systématiques et parfois un peu embrouillées par la passion qui l’animait, Bernard toujours positif et bienveillant, Bernard l’artiste exigeant reconnu au-delà du Havre- je me souviens d’un vernissage de ses œuvres rue de Seine, à Paris, dans les années 90- mais Bernard toujours modeste, sensible et engagé.
Il est parti beaucoup trop tôt, à 62 ans, lui qui ressemblait toujours à un étudiant des beaux arts. Il laisse une œuvre, et sa récente décoration du Lycée Jeanne D’Arc parlera aux nouvelles générations. A son fils, à toute sa famille, j’adresse mes sincères condoléances.
Je garde intact le sourire de Bernard, et je suis fier d’avoir été l’ami du grand artiste qu’il est pour toujours.
Eric DONFU,
Sociologue,
Ancien adjoint au Maire du Havre.
Suberbe, cet hommage signé Eric Donfu.
Il a réussi en peu de mots à cerner l'homme, l'artiste, et son lien avec son, avec ses territoires.
Merci Eric, et longue vie au souvenir de Bernard.
PA
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