Au risque de passer pour un épouvantable facho, je dis « RSA + TIG : POURQUOI PAS ? » Il faut d’abord préciser que le terme TIG (travail d’Intérêt Général) n’est pas la bonne appellation. En effet le TIG est une peine de substitution. Une peine pourquoi ? Pour être pauvre et en difficulté ?
Quand WAUQUIEZ déclare que « les dérives de l’assistanat » constituent le « cancer de la société française » il flatte les plus réactionnaires de nos concitoyens à la recherche de quelques voix pour son maître !!! Action méprisable qui vise une fois de plus à détruire le lien social et le vivre ensemble. WAUQUIEZ n’est qu’une des grosses mouches de l’UMP qui, attiré par l’odeur, tourne autour du F.N.
La situation idéale, c’est d’avoir un emploi – si possible valorisant –, malheureusement le système capitaliste n’est pas fait pour générer le plein emploi… il ne s’agit pas naturellement d’humilier ou de forcer une personne en exigeant qu’elle travaille « pour compenser la charité dont elle bénéficie » mais il ne faut pas se laisser enfermer dans une posture idéologique qui ne nous permettrait pas de réfléchir aux réels problèmes que vivent des dizaines de milliers de nos concitoyens en situation de survie économique et sociale. Il ne faut négliger aucune piste de solution de réinsertion socioprofessionnelle et de dignité.
Etre sur le RSA, c’est l’absence de statut valorisant, de respect. C’est l’impression d’être en dehors de la société, ce qui implique une dévalorisation quotidienne et conduit à une spirale infernale d’échecs, de difficultés en tous genres qui prennent des proportions inimaginables pour les gens socialement bien insérés dans la société. La perte de repère par rapport au temps et à la vie quotidienne implique une désocialisation qui conduit dans le meilleur des cas à faire de « l’entre-soi » car la nature veut que l’on se rapproche de celui qui nous ressemble socialement et dans le pire des cas à l’isolement.
Alors une action de quelques heures que l’on pourrait nommer par exemple «action de volontariat social individuel et collectif » pourquoi pas ? On pourrait facilement envisager que ce soit des heures payées pour améliorer un peu l’allocation de survie qu’est le RSA. Les partis de gauche ont de nombreuses pistes dans leurs programmes pour récupérer l’argent là ou il est… cela pourrait aussi être une action financée par l’Europe dans le cadre du FSE, bref je ne doute pas que l’on puisse trouver le fric nécessaire.
L’objectif n’est pas de remplacer des emplois déjà existants par du « cheap labour » mais plutôt de développer un autre pan de l’économie sociale et solidaire. Il y aurait tant de choses à faire pour améliorer la vie, aménager notre environnement, développer des solidarités…
Je vis dans un petit village médiéval ou les besoins seraient énormes s’ils étaient simplement répertoriés... Ces projets sont multiples, cela va du nettoyage des canaux d’irrigation ou de leur remise en service à l’heure des pénuries d’eau, de l’animation du village pour ses habitants et pour les touristes, de la restauration à la mise en valeur du patrimoine, de l’élaboration à la mise en place d’un plan de développement touristique sur plusieurs années, la récupération d’espace en jachère pour réoccuper le territoire… La liste serait longue, aussi longue que les compétences, les connaissances et les savoirs faire des gens qui se sont vu déclassés pour une raison ou une autre. Cela permettrait également de casser le mythe selon lequel les gens qui sont sur le RSA sont sous qualifiés, cela permettrait aussi aux gens qui n’ont pas la formation requise de se former dans un domaine de leur choix.
Au risque de choquer encore, il faut que ces actions de volontariat soient construites comme un tremplin vers l’emploi, vers l’expérience, vers une réappropriation des habitudes de travail.
Il n’est évidemment pas possible de légiférer sur ce type de projet mais chaque municipalité devrait pouvoir mettre en place ce système avec le soutien du Conseil Général, des personnes pourraient être engagés pour coordonner ces actions. Ce pole dynamique pourrait regrouper les gens qui souhaitent donner du temps pour faire vivre la communauté qu’ils soient au RSA, à la retraite ou autres… Le débat est ouvert, j’espère sur des bases plus saines
La déclaration des droits de l’homme et du citoyen parle « d’utilité commune », aujourd’hui nous avons perdu notre rôle de citoyen, nous sommes des consommateurs en attente de services, il est tant que nous soyons acteur de notre vie, du développement de notre société… En attendant un « grand soir » hypothétique, il ne faudrait pas que les révolutionnaires de salon que nous sommes devenus ne défendent que des principes, il est temps de trouver des solutions concrètes pour redonner à tous le droit à la dignité et au respect.
Patrick LECROQ
