
Un de mes pères politiques ...
André Duroméa fut l'un de mes pères politiques. Durant six années, à ses cotés, comme adjoint au Maire, j'ai goûté le meilleur de lui, son humour, sa complicité, son audace, sa force et son exigence aussi. Je me souviens de lui, dans mon bureau, quand nous préparions le conseil municipal du 5 décembre 1994. Daniel Colliard, alors son premier adjoint, souhaitait que je ne précise pas le projet de "Cité sous-marine". J'entends encore la voix d'André Duroméa, entre deux bouffée de cigarillos, me dire "non, laisse ton projet d'aquarium dans le rapport". En fait il était le plus moderne et le plus audacieux d'entre nous. Je me souvins aussi de son clin d'oeil après l'implantation du Mac Donald's du quai Colbert," on eu du mal, hein ?" alors que j'avais bataillé contre les services de l'urbanisme. Son soutien ne m'a jamais fait défaut, et j'ai eu plaisir à le revoir, dans sa petite maison de Sanvic, après l'échec de la gauche, toujours aussi combatif. Je parlais de lui, avec un de ses vieux camarades, ce mardi 15 mars, veille de sa mort .... Il m'avait été répondu qu'il ne marchait plus, qu'il était désormais en fauteuil, et qu'il avait même raté l'enterrement d'un de ses vieux compagnons, récemment, ce qui ne lui ressemblait pas. Mais à la question, "est-il toujours lucide ?" la réponse avait fusé " Oh oui, pour ça il n'y a aucun problème". Je pensais alors naïvement qu'il était, à 94 ans, parti pour être centenaire ....
Je me souviens de ma déclaration, en octobre 1994, quand il a quitté son poste de Maire. J'appelais la "génération Duroméa à ne jamais oublier la leçon de simplicité de ce résistant courageux".
C'est, je pense, le meilleur hommage à rendre à celui qui aimait celles et ceux qui font face, et qui a toujours été élu. Celui qui "avait une gueule de Maire" selon la formule de Laurent Fabius, aura été notamment le père de l'université du Havre, sa plus grande réussite, selon lui.
Merci, de tout coeur, cher André.
Eric Donfu