mercredi 7 octobre 2009

Le PORT du HAVRE et la TRAITE DES NEGRES


La Presse du Havre du dimanche 4 octobre 2009 a relaté un article s'intitulant "Le Havre rattrapé par son passé meurtrier RUES DE LA HONTE". Il faut s'estimer heureux de cette initiative qui embarrasse forcément le Maire du Havre, Antoine Rufenacht.

Pour ma part, j'avais étudié le cas de Jules Masurier, criminel notoire, lorsqu'il appliquait le commerce triangulaire pour faire fortune avec la traite des noirs.

Jules Masurier avait une facilité dans son activité puisqu'il était Président de la Chambre de Commerce et Maire du Havre d'ailleurs, deuxième port négrier de France où 68 armateurs ont fait fortune avec la traite des noirs entre l'Afrique, les Antilles et notre continent.

Jules Masurier fut condamné en 1840 pour "trafic de nègres" avec son bateau "le philanthrope". Masurier est passé à nouveau en procès la même année. En 1860, il fait brûler son bateau à la Havane car son odieux commerce est découvert. Son bateau, "le Don Juan", avait effectué un voyage en Afrique où il avait embarqué 850 Noir(e)s et 243 moururent durant la traversée. Les 607 rescapés furent débarqués à Cuba et vendus ! Jules Masurier fut traîné en cours d'Assises par son assureur à qui il avait demandé des dommages et intérêts pour la perte de son navire, à Rouen, en 1862, pour "traite des Noirs et baraterie". ( sources : le Libertaire).

Son nom de rue se situe dans le carré classé Patrimoine de l'UNESCO. J'en avais informé Monsieur Francisco Bandarin directeur UNESCO du centre du patrimoine mondial, afin de débaptiser la rue Jules Masurier. Il me signalait que seules les autorités nationales, voire, locales, en l'occurrence la municipalité du Havre, sont compétentes pour ce qui est de rebaptiser la rue Jules Masurier. Monsieur Rufenacht porte enfin le "chapeau" de cette lourde responsabilité. En ce qui concerne le nom de Jules Masurier le Maire du Havre pense qu'il ne doit pas effacer le nom de son prédécesseur gravé sur une plaque de marbre dans l'entrée d'honneur de l'hôtel-de-ville. Personne n'a demandé ce geste. Historiquement il n'est pas possible de modifier la liste des maires de la ville du Havre. Seule la plaque de rue doit disparaître.

Le Label UNESCO est culturel et non criminel.


2 commentaires:

Eric Donfu a dit…

Il y a des actes qui élèvent la dignité d'une ville. Il ne s'agit pas de remuer les cendres du passé mais de ralumer la flamme des droits de l'homme. Je soutiens de tout coeur ce billet de mon ami René Soret. Interrogé moi même par l'AFP, il y a trois ans, j'avais souhaité que Le Havre se réconcilie avec son passé pour mieux se tourner vers l'avenir. Il ne s'agit pas de culpabiliser mais de célébrer. Célébrer Bernardin de Saint Pierre par exemple qui s'était affronté en leur temps aux Begouen et autre Masurier. Bernardin de Saint Pierre raconte d'ailleurs dans une annexe de Paul et Virginie, cette coutume des ésclavagistes dans l'Ile de France, qui consistait à chasser les esclaves enfuits dans les montagnes, pour leur couper la tête et l'offrir, embaumée, à leurs hôtes... J'ai vu une de ces têtes dans une vielle maison du pays de Caux...
Célébrer la liberté, surtout, dont Le Havre doit être l'étendar, et un symbole pour tous les peuples.Oui, débaptiser deux rues, au Havre, serait un signe, comme l'a déjà fait le Maire de Paris, en changeant le nom de la rue Richepanse en rue du Colonel de Saint Georges.En France, plusieurs noms de lieu évoquaient la mémoire de ce général français, mort pour sa Patrie. La plupart ont été récemment changés, Richepanse, qui s'est engagé pour rétablir l'esclavage dans les antilles, étant devenu aujourd'hui, pour certains activistes, le symbole "d'un ordre raciste et esclavagiste". En effet, la loi Taubira (2001) a déclaré rétrospectivement l'esclavage colonial, crime contre l'humanité Même à Rouen, il existait une caserne Richepanse rebaptisée ensuite caserne Pélissier. Alors, oui, il y a des rues de la honte au Havre. Pour combien de temps encore ? Eric Donfu

Eric Donfu a dit…

Une pensée tout particulière pour cet effort de mémoire necesssaire à l'occasion du 10 mai, journée de commémoration de l'esclavage.
http://www.routesduphilanthrope.org/IMG/article_PDF/article_a24.pdf